Accueil / Sur la Voie Domitienne en Haute-Provence

Sur la Voie Domitienne en Haute-Provence

Pont sur la voie Royale (commune de Chateauneuf-Val-Saint-Donat)

Créée au moment de la conquête du midi de la Gaule, à partir de 120 av. J.-C. par le consul Cneus Domitius Ahenobarbus, la voie romaine Via Domitia ou Voie Domitienne du nom de son fondateur, reliait l’Italie aux provinces d’EspagneC’est la plus ancienne route construite en France. Elle fut réalisée à des fins militaires, mais rapidement elle devint une voie de communication et de commerce.

Pendant le Moyen-Age, on l’utilisait encore couramment. Cette voie franchissait les Alpes au col du Montgenèvre, gagnait le delta du Rhône par les vallées de la Durance et du Calavon, traversait les plaines du Languedoc et du Roussillon, pour arriver en Espagne par le col de Panissars près du Perthus. Le tracé de cette voie est attesté par les historiens de l’antiquité, mais sur la portion comprise entre Apt et le col du Montgenèvre, aucune borne milliaire* n’a été retrouvée. Un gué aménagé sur la commune de Saint-Michel-l’Observatoire et un pont situé sur la commune de Ganagobie sont les seuls ouvrages d’art encore visibles dans notre département.

En ce qui concerne Châteauneuf-Val-Saint-Donat, la tradition veut que la route pavée passant devant le Jas des Bides et reliant le torrent du Mardaric sur la commune de Montfort soit un tronçon de la voie Domitienne. D’ailleurs les anciens du village ne l’appellent-ils pas « voie romaine »? La carte IGN au 1/25000 la dénomme aussi « ancienne voie Domitienne ».

En fait il existe trois itinéraires possibles de la « via Domitia », pour rallier Peyruis à Sisteron :

– Le premier longeant la vallée de la Durance et empruntant le tracé actuel de la Nationale 96. Cette première hypothèse s’appuie sur la découverte, en 1986, d’un tronçon de voie à la Cassine sur une longueur de vingt mètres et dont la largeur approche sept mètres.

– Le second serpente sur le flanc Est du sommet de la Louvière et suit le tracé de la route pavée, pour arriver devant le Jas des Bides et continuer ensuite vers le hameau des Paulons.

– Le troisième enfin, emprunte le vallon du Mardaric, passe au pied de la chapelle Saint-Donat, remonte le vallon du Pas du Vèze, rejoint les Combes, passe aux Jas et arrive aux Paulons. D’après certains Archéologues (G. Barruol et P. Martel), le troisième tracé est le plus probable.

Cette hypothèse est étayée par l’existence sur le territoire de Montfort (deux cents mètres au Sud de la ferme de la Combe, dans le fond du vallon), d’un pont présentant des analogies avec le pont romain de Ganagobie, ou d’autres ponts situés en Italie (Ligurie).

La voie Royale sur la commune de Montfort

La chaussée empierrée qui permet, depuis le Jas des Bides, de rejoindre le vallon du Mardaric, est la Route Royale suivie par la Poste à la fin de l’Ancien Régime.

Sur la carte de Cassini**, elle est indiquée comme étant la route principale reliant Peyruis à Sisteron.
Un pont situé sur cette voie, et se trouvant sur notre commune à environ quatre cents mètres au Nord-Ouest de la ferme Saint-Jean, comporte sur la clé de voûte la date de 178?…
Cela pourrait confirmer son aménagement avant la Révolution. Cette voie fut abandonnée au milieu du XIXème siècle au profit de l’itinéraire passant par Saint-Auban (l’actuelle Nationale 96).

Mais rien ne prouve que cette Route Royal ne fût pas elle-même construite sur une ancienne voie.
Alors, quel est le véritable tracé de la voie Domitienne ?
La réponse est difficile à établir, tant qu’une preuve formelle n’est pas trouvée, sur l’un des trois itinéraires présumés.

*Borne milliaire : elle indique la distance en mille romain (1,481 km) à partir d’un chef lieu d’une cité. Sur la borne étaient inscrit le nom de l’empereur ainsi que ses titres (Grand Pontife, Tribun, Consul, Imperator).

**Carte de Cassini : carte de France réalisée par César François de Cassini de Thury au XVIIIème siècle. Cette carte était à l’échelle 1/86400.

Top